Les incontournables des mois de mai-juin

Des contes à rire debout 

Le conte des contes

On n’oublie jamais un spectacle du Teatro Malandro, comme on n’oublie pas non plus l’allure de corsaire ensoleillé par l’accent colombien de son directeur Omar Porras. Ceux qui ont déjà vu ses Fourberies de Scapin savent de quoi il est question. C’est la même folie, la même inépuisable énergie, le même jeu sur le pouvoir des mots qui sont ici assemblés sur une scène baroque et burlesque, dont on dit qu’elle hérite à la fois de la comédie musicale, du Grand Guignol et du Rocky Horror Picture Show ! Adapté d’un texte napolitain écrit au début du XVIIe siècle par Giambattista Basile, Le Conte des contes imagine comment raconter, chanter, danser des histoires peut redonner le goût du rire à qui est saisi par la mélancolie. « Il était une fois », deux fois, trois fois, et surtout, insiste le metteur en scène : « il sera ». Les contes ancestraux nous sautent dessus, le chat a mis des grelots à ses bottes, le chaperon est maquillé rouge sang… « Je considère le théâtre comme unemaison de médecine car les gens du théâtre sont des guérisseurs quinous font du bien ». 

Nanterre-Amandiers, du 16 mai au 1er juin.

 

La chair, le feu et le noir

Jean-Claude Gallotta - Pénélope

Chorégraphe sensuel, intrépide et facétieux, Jean-Claude Gallotta revient à Homère plus de quarante ans après Ulysse. La figure centrale de cette Pénélope en trois parties pour dix danseurs et danseuses n’est pas du genre à faire tapisserie… Des ensembles à couper le souffle sur des musiques de Noémi Boutin, Antoine Strippoli ou Sophie Martel, une danse de chair vêtue de noir qui rappelle que le chorégraphe, formé chez Merce Cunningham, est aussi le créateur d’une trilogie autour des mythologies du rock.

Sceaux, Les Gémeaux, du 31 mai au 2 juin.

L’oiseau rebelle et les saltimbanques

Carmen

Arrangé pour quelques instruments et une troupe qui chante aussi bien qu’elle joue la comédie, le fameux Carmen de Bizet revu par Jeanne Desoubeaux s’affranchit du lieu de spectacle unique pour nous entraîner dehors, dans la ville, derrière les soldats, les cigarières et le « toréador ». L’esprit du théâtre de rue allié à l’impeccable virtuosité des musiciens nous incitent à vivre autrement cet opéra du XIXe siècle dont la metteuse en scène résume l’intrigue d’une formule tranchante : « Elle le quitte, il la tue ».

Antony, Association Saint-Raphaël & Firmin-Gémier hors les murs, 25 et 26 mai.

Moi plus tard quand je serai vieille…

Et puis, il nous restera que le présent…

Initié en 2012 par l’Odéon-Théâtre de l’Europe, le programme d’éducation artistique et culturelle Adolescence et Territoire(s) réunit chaque saison des adolescents issus du voisinage des trois théâtres partenaires : les Ateliers Berthier (Paris XVIIe), l’Espace 1789 (Saint-Ouen), le T2G Théâtre de Gennevilliers. Qu’ils aient ou non une expérience du théâtre, ils travaillent ensemble à une création collective ; cette année : Et puis, il ne nous resta que le présent, sous la direction de l’autrice et metteuse en scène Noëmie Ksicova avec la collaboration artistique de la comédienne Cécile Péricone. Dans un monde menacé et fragile, les dix-sept comédiennes et comédiens amateurs osent l’utopie de jouer leur vieillesse, « comme une version de moi, dit l’un d’entre eux, qui aurait beaucoup de regrets ». Les plus âgés ont à peine 20 ans et ils nous offrent une belle incarnation de ce qu’est le spectacle vivant : « Comme si tout ce qu’on avait dans la tête, on le mettait sur le plateau, sous forme de personnages qui ne sont pas vraiment nous… »

T2G Gennevilliers, 6 juin (gratuit sur inscription : billetterie@tgcdn.com)

Nocturne enflammé

Pianos romantiques !

En collaboration avec Les Musicales de la Vallée-aux-Loups, La Piscine à Châtenay-Malabry nous entraîne gravir trois sommets des Pianos romantiques !, le 24 mai de 19 h à 23 h. En trois récitals donnés par de très sérieux sherpas du genre, suréquipés des mains et de l’âme. On commence par Franz Liszt, l’inventeur du piano moderne et du statut du soliste, dans un florilège de pièces flamboyantes et consolantes, aux harmonies poétiques ou religieuses. Il est ici servi par Claire-Marie Le Guay, une spécialiste demeurée modeste, à la virtuosité affolante et la sensibilité radieuse. Le plus jeune des trois musiciens, Ionah Maiatsky, est né avec le XXIe siècle et a choisi Frédéric Chopin, dont l’image « romantique » masque la vigueur – par exemple celle de la Troisième Sonate que le jeune virtuose joue avec une impressionnante autorité. Enfin, les deux dernières Sonates de Franz Schubert, où le pianiste Adam Laloum est le plus incontestable des guides : il sait aussi bien nous tracer une voie dans des étendues désolées que nous faire ressentir la nature environnante.

Châtenay, La Piscine, 24 mai de 19 h à 23h.

Les Hauts-de-Seine c’est sport !

Au stade ! Une histoire du sport dans les Hauts-de-Seine (XIXe-XXIe siècle)

Paris 2024 oblige, on ne s’étonnera pas que l’exposition annuelle des Archives départementales des Hauts-de-Seine soit consacrée au sport sur notre territoire, depuis les premiers clubs sportifs de la fin du XIXe siècle – inspirés de l’Angleterre – jusqu’au double mouvement de démocratisation et de pratique de très haut niveau accompagné par le Département. Avec, évidemment, deux moments forts : les Jeux Olympiques de 1924, dont le stade de Colombes fut l’arène principale, et ceux de cette année 2024 qui coïncideront avec l’exposition Au stade ! Une histoire du sport dans les Hauts-de-Seine (XIXe-XXIe siècle), et dont nous accueillerons les épreuves de hockey sur gazon au Stade départemental Yves-du-Manoir de Colombes, de water-polo et de natation olympique et paralympique à l’Arena à Nanterre, ainsi qu’une partie du tracé du marathon. Déclinée sur panneaux dans les parcs départementaux André-Malraux (Nanterre) et Pierre-Lagravère (Colombes), l’exposition fait également l’objet d’un développement numérique sur le site des Archives et de la publication d’un catalogue (éditions Snoeck). Archives départementales, Nanterre, du 6 mai au 31 octobre (archives.hauts-deseine.fr).

Archives départementales, Nanterre, du 6 mai au 31 octobre.

S’envelopper de nature

Oka

La compagnie Le Porte-Voix invente des formes de théâtre musical pour l’enfance, voire la petite enfance. Conceptrice, autrice et l’une des interprètes, Florence Goguel présente Oka comme un « concert-paysage en immersion » à destination des familles et des plus jeunes des spectateurs : dès six mois. Inspiré par les îlots de vie humaine constitués en Amazonie par les « citoyens de la forêt », le spectacle immerge le public par petits groupes dans des bains sonores, éphémères, qui font éprouver la nature de façon bien plus sensorielle que ne le feraient des mots. L’imaginaire de chacun – et l’on sait combien celui des tout-petits est un instrument de développement – fabrique le fil du spectacle, à mi-chemin entre la berceuse rêveuse et le jeu sur un tapis d’éveil. Oca est un voyage immobile et magique au sein d’une nature qui n’est pas un décor mais un territoire partagé : « Quand les petites mains s’affairent à tresser les matières, la pensée des plus grands s’éveille à une autre conscience du vivant. »

Bagneux, Théâtre Victor-Hugo, 25 et 26 mai.